Amercia and the Shift in Ages
An Interview with Jungian James Hillman.
James Hillman - psychologist, scholar, culture critic, and author of more than 20 books, including the bestselling “The Soul’s Code” - is one of the modern era’s most original thinkers on the human and collective psyche.
Now approaching his 85th birthday, I spoke with Hillman as he was recuperating from two years of illness.
It’s a new life, he told me. A lot of reflection instead of ambition.
The American psyche has always stoked Hillman’s reflections.
The following is the second half of an edited version of our conversation on the current zeitgeist.
Pythia PEAY
Huffingtonpost, The Blog
Feb 26, 2011, updated Nov 17, 2011
ULYSSE - EPISODE 9
LES SIRÈNES
L’aube est relevée d’entre les tombes
Que sèment au long de nos vies
Ces amours impossibles
Et ces cœurs que le poison prit pour cible (1)
L’épisode des sirènes est connu de tous. D’après J. Leclercq-Marx (2), c’est dans
l’Odyssée qu’il est fait pour la première fois allusion aux sirènes, motif qui
se retrouvera dans d’autres récits, la légende des Argonautes notamment.
Les sirènes de l’Odyssée sont deux, elles ont une voix ensorcelante et fraîche
et leurs chants sont doux. Elles sont omniscientes, tentatrices et mortifères.
Elles vivent dans un « pré fleuri bordé d’un rivage tout blanchi d’ossements et
de débris humains dont les chairs se corrompent… Elles font partie des redoutables
puissances magiques qu’Homère évoque dans l’Odyssée… » (3)
« Les sirènes d’Homère n’ont ni une forme ni une nature mythique exactement
déterminée… » (4) mais « avant le IIème siècle avant J.C., les sirènes étaient imaginées comme des femmes-oiseaux. (5), des oiseaux à tête humaine et sans bras. » « La nature érotique de leur séduction est absente. » (6) « Les sirènes appartiennent à la catégorie des démons de la mort, les Kères, dont elles apparaissent comme une simple spécialisation à l’instar des harpyes, des sphinx et des Gorgones…» (7)
« Les Sirènes attirent les navigateurs par la suavité de leurs chants et les rendent à tout jamais captifs, sans espoir de retour chez eux. Ils meurent et leur cadavre se décompose à l’air libre, sans funérailles et sans sépulture. » (8)
Ulysse veut malgré tout entendre leur chant et se fait ligoter au mât de son bateau pour résister à la tentation de les rejoindre. Ses compagnons, eux, se bouchent les oreilles avec de la cire.
Les sirènes attirent par leur chant mélodieux, aptitude généralement attribuée au féminin et c’est donc l’aspect négatif de l’anima qu’elles représentent : « en France, on appelle cette personnification de l’anima une femme fatale. Les Sirènes des Grecs, la Lorelei des Allemands personnifient aussi ces aspects dangereux de l’anima, qui symbolisent ici un mirage fatal. »(9) Le chant des sirènes est irrésistible : harmonieux et enchanteur, mais aussi démoniaque.
Ce que chantent les sirènes n’est pas non plus indifférent : elles chantent « Ulysse tant vanté ! l’honneur de l’Achaïe. » (10) Elles attirent le navigateur en le flattant et lui promettent qu’après avoir écouté leur chant, « on s’en va content et plus riche de savoir… » (11) L’appât de leur séduction est donc un savoir omniscient, une toute-puissance liée à la connaissance qui n’est pas sans rappeler un autre mythe, biblique, celui-là. Plus tard dans l’histoire, les représentations des sirènes ont été érotisées. Elles symbolisent les multiples séductions, addictions, et fascinations qui mènent à poursuivre une illusion au prix de sa propre perte, victime d’un séduction mortelle.
« Si l’on compare la vie à un voyage, les sirènes représentent les embûches, nées des désirs et des passions…on en a fait des créations de l’inconscient, des rêves fascinants et terrifiants, en quoi se dessinent les pulsions obscures et primitives de l’homme. Elles symbolisent l’autodestruction du désir, auquel une imagination pervertie ne présente qu’un rêve insensé, au lieu d’un objet réel et d’une action réalisable. Il faut comme Ulysse s’accrocher à la dure réalité du mât, qui est au centre du navire…pour fuir les illusions de la passion. » (12)
Dépitée par leur défaite face à Ulysse qui passe son chemin, les sirènes se seraient suicidées, mais ce récit-là apparaît essentiellement à la fin de l’Antiquité, bien après la rédaction de l’Odyssée. Quel que soit l’anachronisme, ceci montre combien l’enjeu de leur séduction perverse est un enjeu de vie ou de mort : faute de pouvoir détruire l’autre en le séduisant, les sirènes se tuent, ne pouvant survivre à leur défaite.