Amercia and the Shift in Ages
An Interview with Jungian James Hillman.
James Hillman - psychologist, scholar, culture critic, and author of more than 20 books, including the bestselling “The Soul’s Code” - is one of the modern era’s most original thinkers on the human and collective psyche.
Now approaching his 85th birthday, I spoke with Hillman as he was recuperating from two years of illness.
It’s a new life, he told me. A lot of reflection instead of ambition.
The American psyche has always stoked Hillman’s reflections.
The following is the second half of an edited version of our conversation on the current zeitgeist.
Pythia PEAY
Huffingtonpost, The Blog
Feb 26, 2011, updated Nov 17, 2011
ULYSSE - EPISODE 19
LA FIN DES PRETENDANTS ET LES RETROUVAILLES
Euryclée, ancienne nourrice d’Ulysse, a déjà perçu une ressemblance entre Ulysse et le mendiant qui se présente au domaine. Lorsque Pénélope lui demande de lui laver les pieds, elle reconnait la blessure qu’ « Ulysse avait jadis reçue de d’un sanglier à la défense blanche », (1) lors d’une partie de chasse chez son grand-père maternel Autolycos (dont le nom signifierait: loup en personne !). Celui-ci est fils d’Hermès et passe pour voleur et parjure. C’est lui qui a donné à son petit-fils le nom d’Ulysse.
Symboliquement, « en Gaule, aussi bien qu’en Grèce, on chasse le sanglier, et même on le met à mort. C’est l’image du spirituel traqué par le temporel. » (2) La symbolique du sanglier, comme celle du chien abordée précédemment, soulignent que depuis l’adolescence, Ulysse est confronté à la nécessité d’une évolution spirituelle, un travail de transformation de son matérialisme facile, d’élaboration de son expérience intérieure.
Athéna, toujours présente et vigilante, détourne le regard de Pénélope pour qu’elle ne participe pas à la scène. Ulysse reconnait lui aussi sa nourrice et lui demande de ne rien dire de sa présence.Puis, hébergé dans la grande salle, il observe les servantes qui «chez les prétendants allant à leurs amours, s’excitaient l’une l’autre au plaisir et aux rires », (3) et la colère le saisit.
L’atmosphère s’alourdit. Athéna, sous les traits d’une femme, vient rassurer Ulysse et lui promet son aide . Ulysse demande aussi un signe d’encouragement à Zeus qui lui envoie un double présage : un coup de foudre et un vœu de vengeance de la part d’une servante.
Le lendemain, les prétendants trament la mort de Télémaque et négligent un nouveau présage, qui se manifeste sous la forme « d’un aigle qui montait vers l’azur en tenant une pauvre colombe. » (4)
Symboliquement, l’aigle est, en Grèce antique, un attribut de Zeus.
Les prétendants sont sans crainte et sans limites, générant le chaos abhorré par Zeus, et il va leur en cuire.
Le soir, dans la grande salle, ils malmènent Ulysse, toujours déguisé en mendiant. Ils proposent à Télémaque que Pénélope se choisisse un époux , ce qui l’amènera à quitter le manoir et permettrait à Télémaque de jouir de son héritage. Télémaque n’attend plus qu’un signe de son père pour agir. «Encore quelques instants, et le souper qu’allaient leur servir la déesse et le vaillant héros n’aurait pas son pareil pour le manque de charme ; mais c’est d’eux, les premiers, qu’était parti le crime. » (5)
La justice de l’époque d’Homère est bien celle de la vengeance et non de la sanction ou de la réparation.
Pénélope propose le jeu des douze haches aux prétendants pour les départager. Il consiste planter verticalement dans le sol douze haches en enfilade et à décocher une flèche qui en traverse les douze anneaux de fixation. Le porcher et le bouvier sortent. Ulysse se fait reconnaitre d’eux et s’assure de leur aide. Ulysse et Télémaque massacrent les prétendants et pendent Mélantheus avant de le mutiler le lendemain. Pendant cette scène de massacre, Athéna encourage Ulysse et Télémaque, puis se change en hirondelle et va se poser sur les poutres de faîte. Elle fait dévier les javelines des prétendants qui succombent tous.
Ulysse appelle Euryclée, sa vieille nourrice, et lui demande de désigner les servantes qui l’ont trahi. Euryclée en dénonce douze sur les cinquante et Ulysse les fait pendre. Il fait purifier la salle avec du souffre et du feu avant de convoquer Pénélope.
Euryclée, malgré le contexte dramatique, ne perd pas de vue les bonnes manières: « mais il faut te vêtir…tu ne peux pas rester avec ces seuls haillons sur tes larges épaules : on le prendrait très mal. »(6) En Grèce antique, rien de chaotique ne peut plaire!
Euryclée s’en va réveiller Pénélope qui reste prudente. Son fils lui reproche sa réserve. «Si vraiment c’est Ulysse qui rentre en sa maison », répond-elle, « nous nous reconnaitrons et, sans peine, l’un l’autre, car il est entre nous de ces marques secrètes, qu’ignorent tous les autres. » (7) La prudence de Pénélope fait sourire Ulysse.
Il reste toutefois soucieux car il sait que le meurtre est puni d’exil et il se sent désemparé : le destin va-t-il le renvoyer une fois encore dans l’errance ? Ulysse ordonne de simuler une fête pour éviter qu’on se rende compte du meurtre des prétendants avant le lendemain, lorsque Télémaque et lui-même auront gagné leur verger hors de la ville et qu’ils auront eu le temps de « chercher quel secours Zeus pourra [leur] offrir » (8)
Athéna, toujours omniprésente, « sur sa tête et son buste, faisait couler la grâce » de manière à ce que Pénélope le reconnaisse. Mais celle-ci le met à l’épreuve en demandant qu’on prépare leur lit en en déplaçant le cadre. Ulysse réagit avec colère : il avait construit leur lit en utilisant pour l’un des montants un olivier enraciné là : « Voilà notre secret ! », dit-il, « la preuve te suffit ? Je voudrais donc savoir, femme, si notre lit est toujours en sa place ou si, pour le tirer ailleurs, on a coupé le tronc de l’olivier ? » (9)
Cette fois, Pénélope est assurée de l’identité d’Ulysse et les retrouvailles ont enfin lieu. Athéna allonge la nuit pour laisser au couple le temps de se retrouver et de se raconter les années passées loin l’un de l’autre. Ulysse prévient Pénélope qu’il lui faudra partir encore, comme le lui a prédit le devin Tirésias, pour offrir à Poséidon des offrandes qui le mettront à l’abri de son courroux et lui assureront une vieillesse paisible.
Le lendemain, Ulysse part retrouver son père et arme les compagnons qu’il emmène. Le vieil homme est lui aussi vêtu comme un vieillard mendiant, il est épuisé par la vie et le chagrin. Ulysse se fait reconnaitre de son père en lui rappelant la liste des arbres fruitiers dont il lui avait fait don. Laërte semble revigoré par les retrouvailles…et quelque tour d’Athéna!
Tout est bien qui finit bien, mais les familles des prétendants revendiquent à leur tour la vengeance de la mort de leur fils ou de leur frère : une escalade meurtrière pourrait s’ensuivre. Cette fois, Athéna prend conseil de Zeus : « Puisque les prétendants ont été châtiés par le divin Ulysse, pourquoi ne pas sceller de fidèles serments ? Il garderait le sceptre; nous, aux frères et fils de ceux qui sont tombés, nous verserions l’oubli, et, l’ancienne amitié les reliant entre eux, on reverrait fleurir la richesse et la paix.» (10) Zeus se fait une fois encore le garant de la paix et de l’ordre. Mais l’oubli de la guerre peut-il devenir un garant de la paix ?
Lorsque les familles des prétendants s’en prennent à Ulysse et sa famille, « Athéna pousse un grand cri : à quoi bon, gens d’Ithaque, cette cruelle guerre ? sans plus de sang, quittez la lutte, et tout de suite ! » (11) Effrayés, les attaquants s’enfuient vers la ville . Ulysse veut les poursuivre mais Athéna le retient. « A la voix d’Athéna, Ulysse, tout joyeux dans son cœur, obéit : entre les deux partis, la concorde est scellée par la fille de Zeus à l’égide, Athéna : de Mentor, elle avait l’allure et la voix.» (12)
Athéna apparaît une dernière fois dans toute son ambiguïté : elle utilise sa terrible voix de guerrière pour arrêter le combat, puis scelle la paix sous l’aspect d’un sage. C’est sous la forme de mentor qu’elle intervient pour la dernière fois : lorsqu’une personne en a suffisamment décousu avec son anima (ou son animus), «l’inconscient change d’aspect et apparaît sous une forme symbolique nouvelle, représentant le Soi, le noyau le plus intérieur de la psyché…Dans le cas d’un homme, il se manifestera sous la forme d’un initiateur ou d’un gardien…d’un vieux sage, d’un esprit de nature, etc. » (13) Belle image de la transformation d’Athéna concomitante de celle de son protégé. De même, le processus analytique amène le patient et le thérapeute sur un chemin d’évolution.
Ulysse est à présent prêt à entamer le pèlerinage annoncé par le devin Tirésias, en chemin vers son intériorité la plus profonde, vers son Soi.