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NOTE SUR LA VIOLENCE ET CIVILISATION

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Du côté des dieux, on se réunit sur le mont Olympe comme les citoyens grecs à l’agora, mais les discussions peuvent être houleuses, chacun tentant de défendre ses protégés parmi les humains et de négocier leurs victoires et leurs défaites dans des jeux d’alliances et de pouvoir.

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La vie de famille des dieux semble compliquée également, tissée de rapports de force, de pouvoir, de provocation. Le couple d’Héra et Zeus, au sommet de la hiérarchie des dieux, est perpétuellement en conflit. Zeus menace ainsi son épouse:  « ah, pauvre folle .. dit-il à Héra… De moi rien ne t’échappe. Mais tu auras beau faire : tu n’obtiendras rien, si ce n’est d’être de plus en plus loin de mon cœur, et il t’en coûtera plus cher. S’il en est comme tu le dis, c’est sans doute que tel est mon bon plaisir. Assieds-toi donc en silence, et obéis à ma voix. Tous les dieux de l’Olympe ne te serviront guerre, si je m’approche et si sur toi j’étends mes mains redoutables.» (52) 

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La menace est affective et physique, imposant à Héra le silence de la soumission. Héphaïstos, le fils mal aimé de sa mère, est  pris en tenailles dans les querelles de ses parents : il tente de « sauver » sa mère de la violence de son père mais il lui en a déjà coûté : « Subis l’épreuve, mère ; résigne-toi, quoi qu’il t’en coûte. Que je ne te voie pas, toi que j’aime, recevoir des coups ! Je ne pourrais lors t’être utile, en dépit de mon déplaisir. Il est malaisé de lutter avec le dieu de l’Olympe. Une fois déjà, j’ai voulu te défendre : il m’a pris par le pied, et lancé loin du seuil sacré. Tout le jour je voguais ; au coucher du soleil, je tombai à Lemnos : il ne me restait qu’un souffle. Là, les Sintiens me recueillirent, à peine arrivé au sol. » (53)

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Le poème d’Homère donne-t-il une réponse à la question de la violence omniprésente dans ses vers ? Que faire de la question du mal, de la destruction gratuite, de l’intolérance meurtrière, de cet héroïsme fou qui consiste à prendre les armes ? Comment composer avec ce dragon qui resurgit chaque fois que l’Histoire le croit devenu fable ou mythe ?

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