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ULYSSE

 

Les valeurs du féminin, l’identité assumée et la civilisation comme chemins d’accomplissement.

« Toutes ces choses n’existent pas mais elles durent encore. » 

                                                          Saloustios, philosophe, 4ème siècle après J.C.

 

INTRODUCTION

 

Cette analyse est le fruit de plusieurs années de lectures et de réflexions sur l’Odyssée, de déambulations dans les méandres d’un cheminement humain universel illustré par le périple d’Ulysse, héros de la culture grecque antique, à la racine de la nôtre. 

 

Ulysse sillonne une mer incertaine. D’escales désastreuses en rencontres mythiques,

il erre en quête de son île d’origine… et de lui-même. Au-delà des épisodes célèbres de ses rencontres avec le Cyclope ou avec les Sirènes, c’est le récit d’un être humain en tension vers son accomplissement qui emmène le lecteur en voyage. Errance aux confins de la condition humaine qu’une psychanalyste regarde par la lorgnette de la psychologie analytique selon C.G. Jung

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L’Iliade et l’Odyssée : deux récits mythologiques 

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Homère, poète de la Grèce antique, (1) écrit aux environs du 8ème siècle avant J.C. un chef d’œuvre composé de deux parties : l’Iliade et l’Odyssée. Il est très probable qu’il y ait eu plusieurs auteurs, et que ce très long texte constitue la formalisation en vers d’une tradition orale déjà présente bien auparavant. L’Iliade relate la guerre de Troie, appelée aussi Ilion. C’est une expédition vengeresse. En effet, Hélène, femme du roi de Sparte Ménélas, a été enlevée par Paris, fils du roi de Troie. Les Grecs vont alors assiéger Troie pendant douze ans et remportent la victoire grâce au subterfuge du cheval de Troie, subterfuge dont le guerrier Ulysse, dit « aux mille ruses », est l’inventeur. L’Odyssée est le récit du retour d’Ulysse vers l’île d’Ithaque qui est son pays d’origine.

 

L’Iliade et l’Odyssée sont des récits mythologiques mais ils s’appuient cependant sur des événements historiques : la guerre de Troie a bien eu lieu et les archéologues situent l’antique Troie sur la colline d’Hissarlik, sur la côte occidentale de l’Anatolie. 

 

Historiquement, les archéologues ont observé les traces des différentes destructions et reconstructions de la ville.

La strate  « Troie VII (1300-1000), ravagée par un incendie, peut-être envahie vers 1200, puis abandonnée, semble le mieux correspondre» (2) à l’histoire de son siège par les Grecs. Il s’agit probablement d’un envahissement guerrier à des fins d’expansion de peuples qui se sont installés en Grèce par vagues successives et sont partis ensuite à la conquête économique du pourtour de la Méditerranée en implantant ici et là des comptoirs commerciaux, à la suite des Phéniciens.

Les récits d’Homère sont  enrichis de merveilleux, traversés en permanence par les allées et venues de dieux, de déesses, de nymphes ou d’êtres étranges, voire monstrueux. Même la nature s’y anime de mouvements inquiétants ou propos.

 

Les récits mythologiques constituent les théories explicatives de l’époque, imaginaires bien plus que scientifiques, à propos de l’existence du monde et des avatars de l’existence humaine. 

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METHODOLOGIE

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Ce récit peut être lu comme une belle histoire fantastique, débordante d’imagination, mais il peut aussi être analysé de la même manière qu’une série de rêves nocturnes illustrant un voyage intérieur dans les profondeurs de la psyché du personnage. C’est cette dernière lecture qui est proposée ici. Les dieux et autres personnages qui apparaissent dans le récit seront  considérés comme des illustrations de diverses facettes de la personnalité du héros encore inconnues de lui, de ses forces ou des failles intérieures non encore intégrées.

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TROIS CLES DE LECTURE

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Les aventures d’Ulysse l’amènent à construire son identité d’homme. C’est cependant sa rencontre avec des femmes, à considérer comme des parties de son propre féminin, qui l’amènera à passer de la violence à la civilisation et à assumer sa condition humaine

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L'intégration du féminin

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La société grecque dont nous parle Homère est une société patriarcale : les hommes possèdent et se transmettent le patrimoine familial, ils détiennent le pouvoir politique dont les femmes sont exclues. Les jeunes filles vivent dans la maison paternelle, sont mariées selon la décision de leur père et moyennant une dote. Quant aux femmes veuves, elles retournent chez leur père qui veillera à les remarier et à qui la dot sera remboursée.

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Dans le récit d’Homère, quelques femmes semblent échapper à la condition féminine de la Grèce antique. En effet, les déesses Athéna et Artémis ont demandé à leur père Zeus de les soustraire au mariage, ce qui signifie dans ce contexte qu’elles maintiennent leur autonomie.

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Les autres femmes non mariées dont il sera question sont la déesse sorcière Circé et la nymphe Calypso, personnages mythologiques que rencontrera Ulysse.

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Au cours de son périple, Ulysse rencontrera de nombreuses femmes qui le mettront en danger, ou le guideront, ou l’amèneront à se transformer. Tous ces personnages féminins représentent les aspects successifs de son propre féminin en évolution progressive.

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La violence de la civilisation​

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Arpenter le récit, voyager aux côtés d’Ulysse lors de ses amarrages ratés et de ses transgressions d’adolescent amène à considérer deux autres clés de lecture en plus de celle du féminin manquant : celle de la violence, et celle de l’essence de l’identité humaine.

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Le récit sonde la nature humaine dans ses tensions entre sauvagerie violente et civilisation. En effet, du côté des hommes, Ulysse et ses compagnons sont tantôt malmenés par des autochtones prédateurs comme le Cyclope, tantôt accueillis généreusement selon les coutumes hospitalières du monde civilisé. La vengeance est de règle dans les rapports entre hommes et dieux tout comme dans les rapports entre les humains. Ulysse lui-même n’hésitera pas à se venger des prétendants de sa femme en les tuant tous. 

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L'identité de l'être humain entre destin et liberté, entre bestialité et divinité
 

Homère entame l’Odyssée en adressant à la muse le récit de « l’homme aux mille tours » et le désigne par le mot « andra » qui fait référence à l’homme du point de vue de son genre et de son individualité, à l’inverse du mot « anthrôpos », qui désigne l’être humain en général. C’est ce qui différencie probablement les personnages d’Achille et Ulysse.
 

Le monde de l’Iliade est régi par la toute-puissance des dieux amenant l’impossibilité des hommes à gouverner librement leur propre vie. Impuissance à laquelle notre époque oppose -à raison- la pertinence de ses sciences, l’ingéniosité de ses technologies et la liberté politique que ses démocraties garantissent. Mais « …malgré son raisonnement et son efficacité », écrit C.G. Jung à propos de l’homme contemporain, « il est toujours possédé par des « puissances » qui échappent à son contrôle. Ses dieux et ses démons n’ont pas du tout disparu. Ils ont simplement changé de nom. » (58) 

La liberté dont parle l’Odyssée est ailleurs : c’est celle qui se conquiert en soi-même.

Ulysse, donc, à l’inverse du héros prédestiné de l’Iliade, est un individu qui développe sa stratégie propre par l’inventivité et la ruse.

Si l’homme n’est plus prédestiné, alors lui revient la liberté du choix de son existence et de ses valeurs. Le récit interroge l’identité humaine, tiraillée entre bestialité et divinité, réitérant la question du modèle d’existence de l’être humain dans sa condition de mortel.  Qu’est-ce qu’un homme ? D’épisode en épisode, cette question est reprise, imagée, ciselée par Homère.

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